Peut-on vraiment être accro au sport comme à une drogue : la réponse

septembre 26, 2025

Peut-on vraiment être accro au sport comme à une drogue : la réponse

L’article en bref

Idées principales En détail
La bigorexie comme addiction réelle Reconnaître que l’exercice excessif peut devenir une dépendance pathologique similaire aux drogues.
Symptômes révélateurs Identifier les signes d’alerte : pratique malgré les blessures, anxiété lors des pauses, négligence des obligations.
Mécanismes cérébraux similaires aux drogues Comprendre que l’exercice déclenche la libération d’endorphines activant les mêmes circuits de récompense que les opioïdes.
Profils à risque Les personnes perfectionnistes, avec faible estime de soi ou antécédents de troubles alimentaires sont particulièrement vulnérables.
Traitement et prévention Privilégier la thérapie cognitivo-comportementale et un sevrage progressif pour retrouver une pratique équilibrée.
Paradoxe social Cette addiction est souvent valorisée socialement, rendant sa détection et sa prise en charge plus difficiles.

Peut-on vraiment être accro au sport comme à une drogue ? La réponse est oui, et cette dépendance s’appelle la bigorexie, un trouble qui transforme l’activité physique en véritable obsession avec des mécanismes similaires aux autres addictions.

Comment reconnaître une véritable addiction au sport

En tant qu’addictologue, je vois régulièrement des patients qui me disent : « Je suis accro au running » ou « Je ne peux pas vivre sans ma séance quotidienne ». Mais où se situe la frontière entre passion saine et dépendance problématique ?

La bigorexie, aussi appelée addiction à l’exercice physique, se caractérise par un besoin compulsif de pratiquer une activité sportive, même au détriment de sa santé et de sa vie sociale. Ce n’est pas juste aimer le sport – c’est en devenir prisonnier d’un cycle de pratique excessive et obsessionnelle.

Je me souviens d’un jeune homme de 22 ans venu me consulter après s’être fracturé le pied. Son problème ? Il continuait à s’entraîner malgré la douleur et contre l’avis médical. « Si je ne fais pas mes deux heures quotidiennes, je deviens irritable, anxieux… C’est comme si mon corps réclamait sa dose », m’avait-il confié. Cette expérience m’a marqué car elle illustre parfaitement le parallèle avec les drogues traditionnelles.

Les symptômes qui doivent alerter sont nombreux :

  • Continuer à s’entraîner malgré blessures ou fatigue extrême
  • Anxiété et irritabilité en cas d’impossibilité de pratiquer
  • Augmentation constante des doses d’exercice pour obtenir satisfaction
  • Négligence des obligations professionnelles ou familiales
  • Sentiment de culpabilité intense lors des jours de repos

Les mécanismes neurobiologiques derrière cette addiction

Le cerveau ne fait pas vraiment la différence entre les différentes sources de plaisir. Qu’il s’agisse de drogues ou d’activité physique intense, c’est le même circuit de récompense qui s’active. L’exercice physique déclenche la libération d’endorphines, ces fameuses hormones du bonheur qui créent une sensation d’euphorie, parfois appelée « runner’s high » chez les coureurs.

Je travaille souvent dans des lycées pour parler prévention, et j’utilise cette analogie : ton cerveau, c’est comme un DJ qui mixe plusieurs substances chimiques. Quand tu fais du sport, il balance de la dopamine, des endorphines et d’autres neurotransmetteurs qui te font te sentir bien. À force, ton cerveau s’habitue et en redemande toujours plus, exactement comme dans les cas de sevrage d’opioïdes comme l’oxycodone.

D’ailleurs, cette comparaison n’est pas anodine : les endorphines agissent sur les mêmes récepteurs cérébraux que certains opiacés. C’est pourquoi l’arrêt brutal d’une activité sportive intense peut provoquer des symptômes similaires à un sevrage.

Similitudes avec les drogues classiques Spécificités de l’addiction au sport
Tolérance (besoin d’augmenter la dose) Valorisation sociale (l’addiction est souvent admirée)
Syndrome de sevrage Bénéfices physiologiques réels (à dose modérée)
Perte de contrôle Double dimension : physique et psychologique

Qui sont les personnes les plus vulnérables à cette dépendance

Certains profils semblent plus susceptibles de développer une addiction au sport. Dans ma pratique clinique, j’observe régulièrement des facteurs de risque similaires à ceux d’autres dépendances.

Les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes ou des troubles de l’image corporelle sont particulièrement vulnérables. Les personnalités perfectionnistes ou obsessionnelles-compulsives présentent également un risque accru de transformer une pratique sportive saine en dépendance problématique.

J’ai accompagné une jeune femme de 19 ans qui avait développé une addiction sévère au fitness après avoir surmonté une période d’anorexie. L’exercice était devenu sa nouvelle façon de contrôler son corps et ses émotions. Ce cas n’est pas isolé : environ 25% des personnes souffrant de troubles alimentaires développent une forme de dépendance à l’exercice physique.

Les athlètes de haut niveau constituent également une population à risque, car la frontière entre entraînement intensif nécessaire et pratique excessive devient parfois floue dans ce contexte de performance.

Comment soigner et prévenir cette forme d’addiction

Si tu te reconnais dans ces descriptions ou si tu t’inquiètes pour un proche, sache qu’il existe des solutions. Comme pour toute addiction, la première étape est la prise de conscience du problème.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) s’avère particulièrement efficace pour traiter la bigorexie. Elle aide à identifier les pensées dysfonctionnelles et à développer des comportements plus équilibrés face à l’activité physique. Parfois, je recommande également des groupes de parole, car l’effet miroir peut être très puissant dans le processus de guérison.

Un sevrage progressif est généralement préférable à un arrêt brutal. Tout comme pour le sevrage alcoolique où la fatigue est un obstacle majeur, il faut respecter les limites du corps et accepter les phases de récupération.

Pour prévenir cette addiction, je conseille souvent ces stratégies :

  1. Varier les activités physiques pour éviter la fixation sur une seule pratique
  2. Établir un planning d’entraînement raisonnable avec des jours de repos obligatoires
  3. Rester attentif aux signaux d’alerte comme douleurs persistantes ou troubles du sommeil
  4. Cultiver d’autres sources de plaisir et d’accomplissement dans sa vie
  5. Méditer pour développer une relation plus saine avec son corps

L’équilibre est la clé. Le sport reste bénéfique pour la santé physique et mentale tant qu’il demeure un choix libre et non une obligation obsédante. Notre corps est fait pour bouger, mais aussi pour se reposer et récupérer.

Le paradoxe d’une addiction socialement valorisée

Ce qui rend la bigorexie particulièrement insidieuse, c’est qu’elle se cache souvent sous l’apparence d’une discipline admirable. Dans notre société qui valorise la performance et le dépassement de soi, l’addiction au sport peut passer inaperçue, voire être encouragée.

J’interviens régulièrement dans des foyers pour jeunes en difficulté, et je constate que même là-bas, l’excès sportif est rarement perçu comme problématique. « Comment quelque chose de bon pour la santé pourrait-il devenir nocif ? » C’est justement cette perception qui complique la reconnaissance et la prise en charge de cette addiction.

Pourtant, les conséquences peuvent être aussi dévastatrices que celles d’autres dépendances : blessures chroniques, épuisement, troubles hormonaux, isolement social… La ligne est fine entre le sport comme allié de santé et le sport comme tyran du quotidien.

Extrêmement Le plus important est d’apprendre à écouter son corps et à reconnaître quand la pratique sportive passe du plaisir à l’obligation compulsive. La vraie force n’est pas dans la performance à tout prix, mais dans l’équilibre et le respect de ses limites.

Maxime

Article rédigé par maxime

Je m'appelle Maxime, j'ai 25 ans. Mon objectif ? Prévenir les risques liés aux addictions et aider ceux qui veulent s’en sortir. Chaque jour, j’échange avec des jeunes pour déconstruire les idées reçues sur la drogue et proposer des alternatives saines. Mon approche est simple : écoute, bienveillance et solutions concrètes.

Laisser un commentaire